Si Cagny m’était conté …

GEOGRAPHIE

La commune de CAGNY, d’une superficie de 529 hectares, est située dans le canton d’Amiens Sud-Est. 

Elle est bornée par 4 communes :
• Amiens au nord-ouest 
• Boves au sud-est 
• Longueau au nord-est 
• Saint-Fuscien au sud-ouest 

La vallée est fort étendue et se ramifie au sud-ouest en 3 petits vallons:
• la vallée de Boves
• la vallée de Cagny
• la vallée au Loup

Le méridien de Paris traverse 8 régions, 20 départements, 337 communes dont la nôtre.
La rivière de l’Avre, affluent de la Somme, sépare le territoire de la commune de celui de Longueau.

LA SOMME (80) est située en PICARDIE:
• Superficie : 627 712 hectares
• Population : 547 825 habitants
• Communes : 783
• Cantons : 46
• Sous-Préfectures 4 : ABBEVILLE – AMIENS – MONTDIDIER – PERONNE
• Préfecture : AMIENS

 
 
 
HISTOIRE 
  • Origine

Il y a près d’un demi-million d’années, l’Avre coulait au niveau du bois de  » La Garenne « , offrant son rivage et ses productions aux petits groupes d’hommes paléolithiques qui trouvaient là, le temps d’une saison, un lieu d’approvisionnement en matière première, le silex, ainsi qu’un lieu de chasse exceptionnel. 
L’Avre a abandonné ici une partie de ses alluvions. L’Homme de son côté y a laissé son outillage de pierre et les restes de la faune qu’il a chassée, puis consommée.
Parmi les sept tribus gauloises, les Ambiani, soumis aux romains, peuplaient Cagny et ses environs. 
Cagny existait déjà au temps de Jules César. La présence d’une villa gallo-romaine à cour rectangulaire, dans le lieu anciennement appelé  » Le Bois de Cagny « , l’atteste. Cette villa n’est plus apparente de nos jours.

  • Moyen-Age

Situé dans le voisinage du château de Boves dont il relevait, le village de Cagny souffrit beaucoup à l’époque d’Enguerrant de Boves et de son fils Thomas de Marle. 
Les seigneurs luttaient sans cesse contre les bourgeois d’Amiens et les rois de France Louis XI et Philippe Auguste (XIIè– et XIIIè– siècles). 

  • Seconde Guerre mondiale

Cagny a beaucoup moins souffert que Longueau. Cependant, les dégâts ont été également importants, et pas une maison de la localité n’a été épargnée.Les villes dAmiens, de Longueau et de Cagny ont été bombardées par l’aviation anglo-américaine. Notre commune a subi plusieurs de ces raids et a été fortement sinistrée. 
En 1944, des convois d’armes et de munitions des troupes d’occupation allemandes stationnaient dans le triage de la gare de Longueau.
Une partie du village fut totalement détruite lors des bombardements anglo-américains qui visaient ces installations.
Les habitants, sans logement, sans ressource, se réfugièrent dans les communes avoisinantes.
Cagny perdit quelques-uns de ses enfants, soldats ou civils, tués sur les routes lors de l’exode.
Dès 1945, la vie reprend normalement à Cagny avec la construction de baraquements; la reconstruction en dur se fera tardivement et progressivement pour en arriver à ce que vous connaissez aujourd’hui, c’est-àdire une ville proche de la banlieue amiénoise et qui compte environ 1400 habitants.

 

LA GARENNE

PUBLICATION REALISEE AVEC LA CONTRIBUTION DU MINISTERE DE LA CULTURE, DE LA COMMUNICATION, DES GRANDS TRAVAUX ET DU BICENTENAIRE DE LA DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES DE PICARDIE. numéro spécial 3ème trimestre 1989. 

Comment une ancienne briqueterie est devenue ‘Monument Historique’ ?…

Au sud-ouest du cimetière communal de CAGNY, le « Haut des Vignes » invite le promeneur à atteindre les quelque 80 mètres d’altitude de cette petite colline naturelle. Arrivé à ce point d’observation privilégié, un vaste panorama s’offre à ses yeux vers le nord, en arrière-plan, la capitale régionale, AMIENS, avec son urbanisation galopante qui a épargné jusque là le terroir de cette petite commune, la Vallée de la Somme que l’on devine large et profonde, puis celle de l’Avre et, sur la droite, à mi-hauteur, le petit bois de « la Garenne » qui abrite l’un des hauts-lieux de ia Préhistoire.
Lieu de passage obligé pour celui qui souhaite comprendre l’intérêt de ce site, c’est également ici, sur cette hauteur, qu’il appréhende le mieux le paysage, qu’il saisit l’importance du creusement de cette vallée, qu’il tente de maîtriser le sens du temps… un temps qui se compte ici non en siècles, ni en millénaires, mais en centaines de milliers d’années…

Il y a près d’un demi-million d’années, l’Avre coulait en effet au niveau de « la Garenne », offrant son rivage et ses productions aux petits groupes d’hommes paléolithiques qui trouvaient là, le temps d’une saison, un lieu d’approvisionnement en matière première, le silex, ainsi qu’un lieu de chasse exceptionnel.

L’Avre a abandonné ici une partie de ses alluvions. L’Homme de son côté y a laissé son outillage de pierre et les restes de la faune qu’il a chassée puis consommée.

Ces alluvions sont aujourd’hui recouvertes par d’épais dépôts de loess et de limons, protégeant ainsi les plus vieilles archives de notre région.

Rares sont les dépôts de cette importance, si bien que ce site est vite devenu le rendez-vous des archéologues, le lieu de confrontations entre géologues et préhistoriens de l’Europe du Nord-Ouest. Ces derniers viennent régulièrement confondre le résultat de leurs recherches, effectuer les corrélations nécessaires avec les autres sites, et affiner le cadre chronologique esquissé voilà plus d’un siècle en Picardie, alors que naissait autour d’Abbeville et d’Amiens, la Préhistoire…

Le site de « la Garenne » à CAGNY est célèbre pour la remarquable coupe quaternaire qu’il offre aux préhistoriens et aux géologues, mais aussi à un large public de plus en plus intéressé par l’origine et l’évolution de l’Homme et de son environnement.

C’est aussi l’un des gisements préhistoriques parmi les plus riches de Picardie.

Repérés dès le début du siècle alors que la carrière était en pleine activité, de très nombreux vestiges préhistoriques ont été récoltés et étudiés par plusieurs générations de chercheurs. Les plus grands préhistoriens et géologues s’y sont succédés.

D’abord, Victor COMMONT, le premier à avoir signalé la présence d’industries préhistoriques dans ce secteur; puis l’Abbé BREUIL, nommé alors le « Pape de la Préhistoire ». Ce dernier suivit les extractions pendant plus de 25 ans. Vinrent ensuite François BORDES et Franck BOURDIER, deux célèbres géologues qui nous ont laissé des publications fondamentales sur le quaternaire de la région. Enfin Roger AGACHE et, actuellement, Alain TUFFREAU, chercheur au C.N.R.S., qui dernièrement a repris les fouilles de ce gisement important.
Donc, dès le début du siècle et ce, jusqu’à nos jours, cette carrière a fait l’objet d’une attention toute particulière de la part de la communauté scientifique. Son étude continue à livrer de précieuses informations sur les productions de l’Homme préhistorique, mais également sur son environnement, grâce à la découverte d’une faune importante, parfaitement conservée, et à l’ application de techniques nouvelles. Plusieurs spécialistes européens se sont retrouvés récemment devant cette coupe afin d’y affiner les études géologiques, palynologiques, paléontologiques…. et d’y réaliser des tentatives de datation « absolue ».

A CAGNY, le front de taille de cette ancienne carrière présente sur plus de huit mètres de hauteur, les nombreux dépôts accumulés sur une ancienne « terrasse » de la Vallée de l’Avre lors des grands froids que connût notre région durant le quaternaire.
Cette remarquable coupe, étalonnée par le géologue, au service du préhistorien comme du paléontologue, nous offre les repères chronologiques nécessaires pour reconstituer l’histoire de l’Homme et l’évolution de son environnement.

Les alternances des périodes froides et sèches, chaudes et humides, y sont « inscrites », comme différents phénomènes géo!ogiques dûs aux réchauffements (formation de sols), phénomènes de solifluxion (coulées de masse de craie fluide sur le sol gelé en profondeur…)

Ancienne petite réserve de chasse, le bois de la Garenne fut exploité vers 1916 par l’armée anglaise qui y ouvrit une carrière de graviers. D’abord, en bordure de la route de St -Fuscien (carrière 1 sur le plan) ; ensuite, dans la partie sud du bois, où l’épaisseur des limons est plus importante (carrière 2). D’importantes masses de graviers furent exploités entre les deux guerres et de très nombreux bifaces ont été ainsi remarqués, puis dispersés auprès de différents collectionneurs. C’est dans la seconde carrière que nous trouvons la coupe géologique connue aujourd’hui dans le monde entier.
L’importance de cette coupe de référence et les nombreux travaux scientifiques qu’elle suscitait, décidèrent l’Etat à envisager une protection absolue. Ainsi, dès 1959, le gisement de CAGNY était classé « Monument Historique », au même titre qu’une cathédrale ! Cette protection juridique fut complétée, en 1963, par l’acquisition du terrain par l’Etat afin de constituer une véritable réserve archéologique.

Aujourd’hui, conscient de l’intérêt manifesté par un public de plus en plus nombreux, le Ministère de la Culture et de la Communication (la SousDirection de l’Archéologie et la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Picardie) a décidé d’aménager le site afin de le rendre visitable et accessible pour tout public.

Sa mise en valeur a été entreprise : aménagement et extension de la coupe, protection du gisement par un enclos, aménagement paysager, présentation didactique à l’aide de panneaux illustrés… Soulignons l’aide consentie par la muni parité de CAGNY qui a pu effectuer les premiers travaux d’entretien qui s’avéraient indispensables dans la partie boisée. Le petit
bois au fond duquel est présenté la célèbre coupe est actuellement ouvert au public qui trouve là un lieu de repos très apprécié à proximité de la capitale régionale.

La coupe de CAGNY est régulièrement visitée lors de colloques spécialisés ou de congrès archéologiques. A l’occasion de sorties, de stages de formation…. il est présenté à des groupes d’étudiants, à de jeunes chercheurs en font la demande auprès de la Direction des Antiquités Préhistoriques Picardie. Le nombre des visites est appelé à augmenter régulièrement…

Sur le plan touristique et culturel, la visite de ce gisement devrait s’intégrer parfaitement, dans un proche avenir, dans un vaste circuit régional dont t’intérêt serait d’illustrer le Thème de « la Vallée de la Somme, Vallée de l’Archéologie ». Car la Picardie possède de nombreux sites préhistoriques remarquables : les principaux ont pour noms ABBEVILLE, SAINT-ACHEUL, MONTERES… connus aujourd’hui dans le monde entier. Les deux premières localités sont en effet devenues très tôt des stations éponymes c’est-à-dire qu’ils ont donné leur nom aux plus anciennes industries du Paléolithique inférieur « I’Abbevillien » et « I’Acheuléen ».

-à propos du Quaternaire-

Le Quaternaire représente la dernière ère géologique (couvrant les 2 à 3 derniers millions d’années), la plus courte si l’on considère la très longue histoire géologique de la Terre (plus de 4,5 milliards d’années).

Cette ère est caractérisée par une grande instabilité climatique (glaciations) et ses multiples conséquences : l’alternance de périodes froides et de périodes tempérées intervenant sur la migration et la modification de la flore et de la faune, entraînant par là-même un changement dans le mode de vie de l’homme préhistorique.
Le relief se trouve également modifié : les variations climatiques commandant le rythme et l’intensité des différentes phases de creusement et d’alluvionnement des vallées.

Les rivières surcreusent leur lit et abandonnent une partie de leurs alluvions sur le flanc de leur vallée. Ces anciens lits auxquels s’ajoutent les matériaux d’origine périglaciaire ‘classés’ par le cours d’eau constituent ce que géologues et préhistoriens appellent des nappes ou des terrasses fluviatiles. Dans celles-ci, étagées sur les versants et donc d’âges décroissants, le préhistorien repère les vestiges abandonnés par l’homme préhistorique qui venait s’approvisionner en matière première, tailler le silex sur les berges de la rivière, chasser puis consommer la faune sauvage.
Les plus vieilles industries humaines seront donc recherchées (en principe) dans les terrasses les plus hautes, c’est-à-dire les plus anciennes.

Les formations fluviatiles, sables et graviers, ont été souvent recouvertes par de nombreux dépôts accumulés au cours des périodes glaciaires, bien conservés au niveau des versants sous le vent et bien observables dans la partie moyenne de la vallée de la Somme (entre Abbeville et Amiens). Ce sont principalement les loess, véritables poussières transportées lors des fortes tempêtes qui feront fuir hommes et animaux.
La succession de ces différents dépôts loessiques, entrecoupés d’anciens ‘sols’ (paléosois) et complétés par des apports latéraux plus grossiers dus à des phénomènes de solifluxion qui se produisent lors de réchauffements saisonniers (en périodes glaciaires), compose la coupe stratigraphique. L’analyse de cette dernière par le géologue permettra de reconstituer l’histoire climatique, puis la datation relative des sites paléolithiques que le préhistorien repèrera aux différents ‘étages’ de la coupe..
Au niveau de la coupe stratigraphique, les vestiges archéologiques repérés dans les couches les plus profondes correspondront aux occupations humaines les plus anciennes…

Invitons maintenant notre promeneur à parcourir le petit bois de la Garenne qui fait face au cimetière communal. Le sentier aménagé à travers noisetiers, frênes, charmes… et mille autres espèces végétales -qui méritent quelque attention- le conduira à une vaste clairière (lire à ce sujet l’article de G.LEFEBVRE).

Nous voilà au pied de la coupe. Il nous faut saisir maintenant ce qu’elle nous enseigne… Ce que l’on perçoit d’abord, assez facilement, c’est cette succession de strates, ces couches de sédiments, de coloration différente, qui semblent « s’empiler » régulièrement (tout au moins sur la gauche de la coupe) sur plus de 6 mètres de hauteur. Ce sont là des dépôts éoliens de très fines particules véhiculées en période glaciaire à partir de zones steppiques soumises à une forte érosion du vent. Ce sont les loess.

Une observation plus attentive permettra de déceler quelques petits « lits » de cailloutis intercalés entre certaines de ces couches. Ils marquent des interruptions dans le dépôt de ces loess.

Puis, dans la partie centrale de la coupe, une importante masse de cailloutis empâtés d’argile brune, vient rompre le rythme, la géométrie d’un tel ensemble. De même, sur la droite de la coupe, notre attention est attirée par ces grandes « vagues » de craie qui semblent avoir glissées d’une falaise calcaire que nous ne voyons pas ici, mais dont l’existence a été attestée à la suite de sondages réalisés en retrait de la coupe. Cette énorme masse de craie est le résultat d’une solifluxion.

Pour terminer cette description -qui se limite volontairement aux grands 
ensembles- nous devons ajouter une dernière séquence constituée par une
masse importante de gros graviers dont nous devinons seulement la partie supérieure au bas de la coupe (et dans la partie gauche). Ces graviers sont surmontés par un lit plus ou moins régulier de sables verts visibles par contre sur toute la coupe (au niveau du terre-plein récemment aménagé pour la visite).

Trois à quatre mètres de graviers reposent en effet sur le substratum calcaire (la roche en place), mais ont dû être remblayés ; leur nature très croulante menaçait la stabilité de la paroi.

Ce sont là des graviers fluviatiles d’origine périglaciaire. Ils ont été classés par la rivière ; des lentilles de sables v sont visibles en plusieurs endroits.

Dans cette niasse de graviers, à la partie supérieure, le préhistorien a repéré déchets de taille, ébauches, puis quantité de bifaces. Un véritable atelier de taille avec des milliers d’éclats aux arêtes vives et coupantes y a également été repéré.

Les hommes sont venus utiliser les rognons de silex charriés par la rivière. Ils ont établi ici, voilà près de 450 000 ans, sur les bords de l’Avre et à l’aplomb d’un petit talus crayeux, un important atelier de taille, abandonnant plusieurs centaines d’outils. Leur industrie, étudiée par H. Breuil, H. Kelley, F. Bordes ‘ puis F. Bourdier, est malheureusement aujourd’hui dispersée dans plusieurs collections publiques ou privées (Musée de Picardie, Collection Ponchon à l’Ecole Normale d’Amiens,- Collection Kelley et Vayson de Pradenne au Musée de l’Homme, Collection Bordes au laboratoire de Géologie du Quaternaire et de Préhistoire de Bordeaux … ).

L’outil rencontré le plus fréquemment reste le biface, production caractéristique des civilisations acheuléennes. Celui-ci acquiert progressivement une extrême -Finesse due à l’emploi d’un percuteur tendre qui permet la réalisation de fines retouches, la confection de pièces plus plates et l’obtention de bords plus réguliers, voire parfaitement rectilignes avec, très souvent, un évident souci de symétrie. Quant aux formes elles-mêmes, elles sont variées. A Cagny-la-Garenne, les formes allongées ou amygdaloides prédominent. Les outils réalisés à partir d’éclats sont également nombreux et variés. Le préhistorien y reconnaît racloirs, encoches, denticulés, mais aussi perçoirs, grattoirs, couteaux à dos.
Alain Tuffreau nous précise que cette industrie appartient à un « Acheuléen moyen » et note que la fabrication des outils sur éclats utilise parfois une méthode de débitage bien particulière, connue sous le nom de la « technique Levallois ». Les éclats levallois mis au jour sur le site de la Garenne seraient actuellement les plus anciennement connus en Europe occidentale.

Le débitage levallois constitue l’un des rares progrès technologique réalisé eu cours de cette très longue période du Paléolithique inférieur. Il témoigne d’une parfaite maîtrise de la taille du silex. Il permet, grâce à une préparation particulière du bloc de silex (le nucléus) d’obtenir des éclats de forme prédéterminée. Un homme préhistorique -l’archanthropien ou le prénéandertalien conçoit ainsi dans l’abstrait l’outil qu’il désire fabriquer.

Les témoignages intéressant la période acheuléenne sont aujourd’hui bien représentés dans la vallée de la Somme. De nombreux sites fournissent, depuis plus d’un siècle, quantité de vestiges lithiques. Quant aux fossiles humains, ils restent encore très rares en France. Les plus anciens, ceux de Tautavel, exhumés dans la Caune de l’Arago (Pyrénées orientales), ont un âge de 400 à 450 000 ans. Dans le Nord de la France, la découverte quasi-exceptionnelle, far A. Tuffreau, de deux crânes, il y a quelques années à Biache-Saint-Vaast Pas-de-Calais), ont été datés d’environ 200 000 ans. Il s’agit d’anténéandertaliens.

L’étude d’une coupe quaternaire, comme celle de Cagny-la-Garenne, grâce au concours de plusieurs disciplines: la géologie et la préhistoire bien entendu, mais également la palynologie, la malacologie, la sédimentologie, la paléontologie (étude de la macro et de la microfaune, notamment des dents de rongeurs … )… permet une bonne reconstitution des différents environnements qui se sont succédés.

Depuis Boucher de Perthes, les carrières de la vallée de la Somme constituent une mine d’informations pour le préhistorien. Paradoxalement, ces sites de « plein air » -grâce à l’étude des différents dépôts, surtout éoliens- offrent plus d’informations que les occupations préhistoriques repérées en grottes ou sous abris. Dans les régions périglaciaires, comme la bassin de la Somme, les très fines poussières transportées par des vents violents pendant les périodes glaciaires, enregistrent fidèlement les actions des différents facteurs climatiques tels que les changements de températures, les précipitations … Sous ce climat froid et sec, le sol n’était couvert que d’une maigre végétation herbeuse et le pays était alors peuplé de petits rongeurs.
Ces périodes glaciaires sont entrecoupées de phases tempérées de courtes durées, appelées « interstades » au cours desquelles cessent de se déposer le loess. Des périodes de réchauffement de plus longues durées, qualifiées  » d’interglaciaires « , permettent alors sous climat humide et plus ou moins chaud, couvert végétal important, la réapparition d’une faune tempérée et le retour de l’homme dans nos régions. Cette nouvelle couverture végétale a pour principale conséquence la formation de paléosols et l’altération des loess sous-jacents que l’on repère plus ou moins aisément sur la coupe stratigraphique.

A Cagny-la-Garenne, bien visible dans la partie médiane de la coupe et à mi-hauteur, un limon de coloration brun-rouge est attribué au dernier interglaciaire (Eemien ou Riss-Wurm). Il constitue un précieux repère et sépare les « loess récents », d’âge weichselien (c’est-à-dire, dé-posés au cours de la dernière glaciation dénommée « Weichsel »), des loess anciens », d’âge saalien (déposés lors de l’avant-dernière glaciation « Saale »).

Les alluvions fort anciennes abandonnées par nos principales rivières en quelques rares endroits privilégiés sous forme de « terrasses » étagées, d’altitudes et d’âges décroissants, renferment ainsi les précieux témoignages des premières grandes étapes de l’humanité.

Curieux destin archéologique que celui de la vallée de la Somme, Patrie de Boucher de Perthes et Victor Commont, terre d’accueil de nombreux préhistorien. Elle révéla au monde, il y plus d’un siècle, les fondements d’une science et sa richesse en gisements préhistoriques. Malheu-reusement, ce patrimoine exceptionnel, reste dérobé, pour l’essentiel, au public faute d’une véritable mise en valeur.
Nous inaugurons aujourd’hui avec la présentation du site de Cagny. Gageons, que cette expérience soit poursuivie par la valorisation d’autres sites, aussi célèbres que le gisement de Saint-Acheul … 

Bruno BREART

 

ÉTYMOLOGIE

Certains chercheurs étymologistes baptisaient les habitants de Cagny : Cagneux, Canards, Cagnards : nom donné aux malfaiteurs vivant au bord de l’eau et qui, à cause des entraves aux pieds, marchaient comme des canards. 

1146 : Cannicum
1157 : Cagnéuim ou Caignéio
1176 : Caomi
1195 : Caisni
1210 : Vadiniacum, Caignycum, Kagnaiacum
1301 : Kaigny
1435 : Quengni, Cay